Yann TIERSEN


Pour la plupart d'entre vous, vous avez découvert (et aimé) Tiersen après le succès de "Amélie Poulain". Pourtant, il y a un avant Amélie. Je l'ai découvert il y a à peu près trois ans, avec le prêt d'un album de la part d'un de mes amis les plus proches. C'était l'album "Le phare". Autrement dit, c'est commencer a connaitre un artiste avec ce qu'il a fait de mieux. Si tant est qu'on puisse dire qu'il y a du moins bon Tiersen.

Comment définir Yann Tiersen ? Tout d'abord, il a du sang breton dans les veines. Et ça s'entend aux sons et mélodies qui sortent de son violon et de son accordéon. Car l'homme est un musicien. Et quel musicien ! Violon, accordéon, piano, percussions, clavecin, xylophones, melodica, un peu de guitare...Bref. Diplomé dés l'âge de 14 ans en violon, piano et direction d'orchestre, rien de moins.

Plus attiré par le rock que le classique, il se met a écrire des pièces musicales pour des courts métrages. En 1995 sort son premier album intitulé "La valse des monstres" où on retrouve déjà toute une symphonie d'instruments. "Rue des cascades" sort en 1996. Album d'où sera tiré un titre de la B.O du film "La vie rêvée des anges".

Le succès nait avec la sortie en 1998 de l'album "Le phare", largement inspiré de sa Bretagne natale. On y reconnait de plus en plus également des sons qui sentent le vieux Paris du quartier Montmartre. On retrouve sur ce disque les voix de Claire Pichet (déjà entendu sur "Rue des cascades) et Dominique A., issu de la nouvelle vague du rock indépendant français.

Les albums s'enchainent. Deux albums sortent l'année suivante (1999) : le premier, "Tout est calme" reprend quelques titres du "Phare" plus quelques morceaux en collaboration avec le groupe The Married Monks. Le second, "Black sessions", un album live enregistré dans les locaux de France Inter et qui réunit le gratin de la scène rock indé française et anglaise : The Married Monks, Francoiz Breut, Matthieu Boogaerts, Neil Hannon de The Divine Comedy, Bertrand Cantat des Noir Désir, ...

En 2001 sort "L'absente", album qui voit la présence de plus en plus marqué des chants. On y retrouve notament les voix de Natasha Regnier, Lisa Germano, Neil Hannon, Les Têtes Raides, etc. De plus, Tiersen fait appel à l'orchestre philharmonique de Vienne ainsi qu'à un quatuor à cordes. Mais 2001 est surtout l'année Amélie Poulain. J.P Jeunet demande à Yann Tiersen de réaliser la bande originale du film, faisant appel à plusieurs morceaux de ses albums précédents et en composant de nouveaux.

Depuis, Tiersen enchaine les concerts en France et à l'étranger. Le succès grandissant, les critiques destructrices ne devraient pas tarder à faire leur oeuvres puisque les grands artistes français y ont tous eu le droit.


Chansons :


Bagatelle

Tiens, une petite voix me glisse quatre vérités
qui passent la rampe et gravissent l'escalier
les jambes tirent et les yeux ont tourné,
va savoir, où la bouche est tombée

comme museau levé j'écoute, la voix je la suis,
top là ! Echangeons des nuits pour des nuits
du coup l'aube en sort toute retournée,
le bourreau a du mal a trancher.

Et aussitôt, quelqu'un manque et de rien, le jour est chargé
et tout peut se charger d'absence.
Rien qui sache mieux qu'elle s'absenter.

Bagatelle, que m'as tu promis ? Où m'as tu mené ?
Les petites vagues se font vite emportées,

Et morflant, sous cape, comme habitué,
on a vite sa table, ses entrées
des retours de flamme s'annoncent,
leurs trains sont attendus,

Ma pancarte est inutile, ils m'ont reconnu,
dans l'hélice où mes doigts sont passés
Je m'avance l'histoire de bien capter.

Car rien à faire quelqu'un manque et de rien,
le jour est chargé,
et tout peut se charger d'absence,
rien qui sache mieux qu'elle s'absenter.



Les bras de mer

De l'endroit où je suis on voit des bras de mer,
qui s'allongent puis renoncent à mordre dans la terre...

Dans le lit, tard, nous sommes là,
nous recommençons tout, j'ai du mal à y croire, je vois des bras de mer...
je vois des bras de mer... qui s'allongent... qui s'allongent...
je vois des bras de mer qui s'allongent... qui s'allongent...
et qui mordent la terre... et la séparent enfin.



Rue des cascades

When I'm asleep in Cascade Street I don't see anything.
When I'm asleep in Cascade Street I hear nothing.

In the cascade you washed me. In the cascade you washed me.

When I wake up in Cascade Street I feel nothing.
When I'm asleep in Cascade Street I don't remember.

In the cascade you washed me. In the cascade you washed me.



Le concert

Ca y est, plus rien ne reste debout
Ils sont venus, hier reprendre tout ça
Toutes ces choses que nous gardions

Assis(e) en bas je ne vois plus les raisons de bouger de là
Alors, laissez moi encore un peu tranquille
Je ne crois plus qu'il y ait pour vous quoique ce soit de moi là.



L'échec

J'aimerais voir notre échec.
Face à face un beau jour, détailler sa personne, en cerner les contours.
Et dans l'ambiance un peu crue d'une ville en été,
lentement m'éloigner, pour ne plus le croiser.

Me mouvoir dans la foule, bienveillante ou hostile,
plaisanter pour une fois, dans un supermarché.
Et les bras plein de courses,
sentir qu'on a enfin quitté le périmètre de son ombre portée.

Reviendra le matin où la mine légère,
on mangeait des tartines, la fenêtre entrouverte.
On allait se laver, bien plus tard en riant
du retard qu'on avait pris sur les autres gens.

Et le pas nonchalant, le sourire bien en place,
on ira sûr de nous, dans les rues familières,
vers un point de la ville, un endroit inconnu,
retrouver là notre échec, et son ombre portée.



L'effondrement

I can prick up my ears and hear so clearly,
the collapse of things and the drop in the sink.

I can open my eyes and see so clearly,
the flowers on the curtains and the old days to come,
anyway it's bubble in brain, it's mossy under the rain,
I'm wandering in some endless fields of goo.



Les grandes marées

Laissons ça aux marées de septembre et voyons après coup.
Voyons ce qui reste.

La trace des années fières, les matins qui s'étirent.
Dans l'appartement clair la lumière du dehors.

La descente dans la foule, réveillée de la ville.
La tête haute, le regard souriant pour une fois.

Le rire du buraliste devant nos mines radieuses.
Le retour, l'escalier, la cuisine et la chambre.

Puis l'envie de partir et les nuits, détachés.
Les sabordages en règle et l'haleine trop chargée.

Puis la peur de savoir que l'on est responsable.
De l'enlisement des lieux, ton visage un peu pâle.

Les journées qui s'endorment et puis le manque d'essence.
Pour oser dépasser les trahisons d'hier.

Laissons ça aux marées de septembre et voyons après coup.
Voyons ce qui reste.
Et voyons après coup.
Voyons ce qu'il en reste



Les jours tristes

It's hard, hard not to sit on your hands.
And bury your head in the sand.
Hard not to make other plans.
And claim that you've done all you can all along.
And life must go on.

It's hard, hard to stand up for what's right.
And bring home the bacon each night.
Hard not to break down and cry.
When every idea that you've tried has been wrong.
But you must go on.

It's hard but you know it's worth the fight.
'Cause you know you've got the truth on your side.
When the accusations fly, hold tight.
Don't be afraid of what they'll say.
Who cares what cowards think, anyway.
They will understand one day, one day.

It's hard, hard when you're here all alone.
And every else has gone home.
Harder to know right from wrong.
When all objectivities gone.
And it's gone.
But you still carry on .

Cause you, you are the only one left.
And you've got to clean up this mess.
You know you'll end up like the rest.
Bitter and twisted, unless.
You stay strong and you carry on.

It's hard but you know it's worth the fight.
'Cause you know you've got the truth on your side.
When the accusations fly, hold tight.
And don't be afraid of what they'll say.
Who cares what cowards think, anyway.
They will understand one day, one day.
One day



Tout est calme

Encore une nuit où tout est calme, pas un bruit, rien.
A part vos souffles réguliers, à côté.
Encore une nuit sans sommeil, sans raison, juste.
Une flopée de choses un peu floues tout autour.

Alors on sent très bien le bout du lit et les murs.
Se resserrer, se refermer sur on ne sait trop quoi.
Alors on sent très bien nos mains se crisper et se tendre.
Se diriger, se refermer sur on ne sait trop qui.

Suit un lendemain sans histoire, comme tous les autres.
On regarde par la baie vitrée alentour.
Pas de surprise la mer est calme.
On avait tort d'espérer voir un coup de vent se lever.

Alors on sent très bien le bout des choses se fendre.
Puis s'effriter, puis s'écrouler sur on ne sait trop quoi.
Alors on sent très bien nos corps se crisper et se tendre.
Se rapprocher puis s'effondrer sur on ne sait trop qui.

L'après-midi se passe sans heurt, sans incident.
Aucun risque de voir l'orage éclater.
Alors on sent très bien la fin de tout approcher.
Se déployer puis effacer on ne sait plus trop quoi.

Alors on sent très bien nos corps se crisper et se tendre.
Se détacher, se diriger vers on ne sait trop où.



Le méridien

Across the river Thames.
On a Sunday morning.
The smell of the air.
A tiny noise.
Dark blades of grass.
Trees and big clouds.
Factory smokes.
And plastic balloons.
Moving around the meridian line.
And hearing from here.
Some silly jokes.
Familys strolls.
Children circles.
Couples kissing.
And grandma’s sitting.

Today there's a frontier.
A big white line.
Today season's changing.
What's coming next.
Everything is in it's write place.
Today someone is missing.
This a point blank.

A little later.
On a Sunday night.
Sitting on a train.
Under the sea.
Lights are flashing.
Speed and fat boys.
Computer's screens.
Smoking second class.
No troubles here.
A safety place.
Drinking coffee.
In a plastic cup.
Writing postcards.
Nothing in mind.
All is quiet.
Under control.

Tonight there's a frontier.
A big white line.
Wright on the middle.
Of the channel.
Tonight I'm back in France.
What's coming next.
Tonight someone's missing.
This is a point blank.



Monochrome

Anyway, I can try anything it's the same circle that leads to nowhere and I'm tired now.
Anyway, I've lost my face, my dignity, my look, all of these things are gone and I'm tired now.

But don't be scared, I found a good job and I go to work
Every day on my old bicycle you loved.

I'm pilling up some unread books under my bed and I really think I'll never read again.
No concentration, just a white disorder everywhere around me, you know I'm so tired now.

But don't worry I often go to dinners and parties
With some old friends who care for me, take me back home and stay.

Monochrome floors, monochrome walls, only absence near me,
Nothing but silence around me.
Monochrome flat, monochrome life, only absence near me,
Nothing but silence around me.

Sometimes I search an event or something to remember, but I've really got nothing in mind.
Sometimes I open the windows and listen people walking in the down streets. there is a life out there.

But don't be scared, I found a good job and I go to work
Every day on my old bicycle you loved.

Anyway, I can try anything it's the same circle that leads to nowhere and I'm tired now.
Anyway, I’ve lost my face, my dignity, my look, all of these things are gone and I'm tired now.

But don't be scared, I found a good job and I go to work
Every day on my old bicycle you loved.

Monochrome floors, monochrome walls, only absence near me,
Nothing but silence around me.
Monochrome flat, monochrome life, only absence near me,
Nothing but silence around me.



La parade

Another day to live another way to go
Nobody's in the room nobody's here for now
Wake up early I know it's too late
To late for the parade
Look at my feet moving slowly
I'm afraid it's over

Naked, a bit sleepy, in my single room
I open the door and call up call up the lift
I wish I was in the parade

Sometimes I fill my skin
Sometimes I hear a voice
"please try to be friendly"
but I'm too old inside

I'm so jealous but proud to be an ordinary girl
I'd like to talk but you know I hate all ordinary words

Naked, a bit sleepy, in my single room
I open the door and call up call up the lift
I wish I was in the parade



La relève

Déjà je m'éloigne de l'enseigne verte qui éclairait nos nuits et rythmait nos heures.
Je n'y peux rien en quelque sorte, faut voir tout ce qu'on nous foutait dessus
comme modèles et lignes à suivre.

J'ai pris une chambre un peu plus haut, où je ne fais rien, où je regarde lentement tout se défaire,
je sens bien que n'arrivera jamais la relève et la remise en route



La rupture

Windows, doors, walls and carpets,
chairs, tables and flowers,
bread, wine, butter and jam,
fries, meat, beans and all spices.

I've lost the taste of these things for two weeks now.
I'm just waiting for a cup of dirty snow.

Airports, railroad stations,
highways, streets and foggy lines.
Traffic, lights, cars and planes,
boats, bicycles and walkers.

Now I'm wondering, blind, in the city.
I'm surrounded by towers, made of dirty snow.

Faces, ears and bellies,
backsides, legs, fingers and feet.
Sweat, tears, dripping bodies,
parties, someone is fucked up.

Now I'm quiet in this snow, snowy country.
I'm hanging on until I am old, just older than now.



La terrasse

Un après-midi là, dans la rue du Jourdain,
on peut dire qu'on était bien,
assis à la terrasse du café d'en face
on voyait notre appartement.

Je ne sais plus si nous nous étions tus ou
si nous parlions tout bas là au café d'en bas,
mais je revois très bien la table et tes mains,
le thé, le café et le sucre à côté.

Puis d'un coup c'est parti, tout s'est effondré,
on n'a pas bien compris, tout a continué,
tandis qu'entre nous s'en allait l'équilibre,
plus jamais tranquilles, nous tombions du fil.

Cet après-midi là, dans la rue du Jourdain,
en fait tout n'allait pas si bien,
assis à la terrasse du café d'en face on voyait notre appartement,
si triste finalement avec nous dedans.